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Tous les vols sont suspendus entre le Brésil et la France

J’avais 9 mois quand j’ai pris l’avion pour la première fois pour venir du Brésil en France.
18 mois quand je suis repartie dans l’autre sens.
4 ans quand la famille a déménagé du Brésil en France.
13 ans quand nous avons re-déménagé dans l’autre sens.
26 ans quand je suis revenue, seule, en France. Pour y rester.
J’ai fait mon premier prêt à la banque pour financer un billet d’avion.
11 heures de ciel pour traverser la mer. Comme un miracle.
A chaque fois que je prends un avion dans un sens ou dans l’autre, je quitte mon pays. Et, à chaque fois, dans un sens ou dans l’autre, je rentre chez moi.
Pendant très longtemps, cette occasion de « rentrer », de revenir, de faire l’aller-retour m’a manquée. J’étais ici ou j’étais là-bas mais je ne pouvais pas voyager, faire de pont, de passage, de lien.
Quand, à 26 ans, j’ai décidé de franchir, de circuler, d’aller et de venir, de quitter et de retrouver autant de fois que possible, une autre liberté d’exister a soufflé. Je n’avais plus besoin de choisir. Je pouvais être à la fois ceci et cela, ici et là-bas. Je pouvais avoir des racines nomades.
Je ne discute pas la décision prise par le gouvernement. Je suis évidemment consciente que c’est nécessaire, temporaire, que je reverrai un jour ma famille, mes amis… C’est l’irrationnel qui parle, l’émotionnel, le symbolique, l’archétypal. Savoir que je ne peux pas voyager, que cela m’est interdit m’affecte au-delà de la « raison ». Déchirure, entrave, amputation. J’ai besoin d’une possibilité de Brésil. Brasil, ce nom, en toile de fond, en projet, en souvenirs, en imagination, en saudade inlassablement égrenée.
Voilà pourquoi cette phrase ne cesse de me vriller les tympans, voilà ce que j’entends : le Brésil n’est pas possible. Ce que commet le dirigeant criminel qui le gouverne, en laissant mourir son peuple —et surtout la partie la plus vulnérable de la population— n’est pas possible. Cette souffrance, cette peur, cette angoisse, ces agonies ne sont pas possibles. C’est la respiration de 213 millions de personnes qui est suspendue. Pour beaucoup, elle ne reprendra pas.
P.A.

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2 commentaires

Chuimer 28 avril, 2021 - 8:44 pm

Bonjour Pauline,
Très beau texte !
Je comprends parfaitement ce sentiment de saudade du Brésil, de ta famille et de tes amis.
J espère que tes parents vont bien et tes frères ?
Si un jour tu voyages vers l Est de la France, tu seras la bienvenue chez nous et un grand plaisir de te revoir.
Nous t embrassons
Rosa et Fred CHUIMER
EMBRASSE TOUTE LA FAMILLE
BISOUS À GABRIEL ET JADE

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Pauline Alphen 7 mai, 2021 - 9:33 am

Bonjour Rosa et Fred !
Et merci pour ton message.
SI je reviens dans l’Est, je n’hésiterais pas une seconde à vous contacter.
Des bises

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