27 avril, 2024 9:45 am
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par Elkeane Aragão
La Vraie Vie de l’Ecole

« Dysorthographique ne veut pas dire débilitique. » AMBRE

Un jour, en rentrant de l’école, Ambre retrouve son arbre, son préféré, celui sous lequel elle prend son goûter, dans lequel elle lit, sur lequel elle joue, foudroyé. Elle n’avait jamais pensé à ça : que la vie d’un être vivant pouvait s’arrêter d’un coup. Elle ne savait pas qu’un arbre pouvait mourir. Ni même ce que mourir veut dire. C’est une sacrée révélation !

Elle ne comprend pas. Pourquoi on ne lui a pas dit que cela pouvait arriver ? Elle se dit que, peut-être, si elle y avait été préparée, il n’y aurait pas eu la surprise, la mauvaise surprise qui donne une chair de poule à l’intérieur, qui fait comme une égratignure en dedans. Et puis, si cela va arriver à tout le monde, si c’est dans l’ordre des choses, pourquoi donc est-on surpris ?

Ce livre parle de cette révélation, de cette énigme, de ce silence. Il raconte comment Ambre va vivre l’arrivée de Lamor dans sa vie, comment elle va mettre en place une réflexion, des stratégies, une acceptation et même un entraînement féroce pour ne pas se noyer dans l’ordre et le désordre du monde. Avec tout son humour, sa tendresse, sa poésie et sa… joie de vivre. Parce que la meilleure façon de s’entraîner à la mort, c’est encore de se concentrer sur la vie…

Prix & Adaptations
  • Prix Renaudot des Benjamins 2019
  • Prix des enfants du livre 2019
  • Sélection Prix de la PEEEP

Illustrations de Joanna Wiejak
À partir de 9 ans

Il y a de cela quelques années, à ma grande surprise, ma fille a été diagnostiquée dyslexique en CE1. Plus spécifiquement dysorthographique, elle n’avait pas de problème de compréhension, de raisonnement, de vocabulaire ou d’imagination. Mais les efforts de compensation, d’attention et de concentration qu’elle mobilisait pour lire et écrire étaient énormes. Finir un chapitre ou une dictée prenait un temps infini pour un résultat jamais acquis. Il est vite apparu qu’elle courait le risque de se décourager, de renoncer à la lecture, de perdre confiance en elle.

J’ai voulu faire appel à mes alliés naturels: les livres. Le contenu n’étant pas en cause, mais seulement le contenant, j’ai privilégié d’abord des récits courts pour qu’elle ait la satisfaction d’avoir lu « un livre en entier ».Toutefois, vers 10 ans, le contenu de ces livres ne correspondait plus à sa maturité. Problème: la lecture des « gros livres », dont elle pouvait parfaitement appréhender le récit, la construction, le vocabulaire et les enjeux, restait une odyssée pleine d’embûches dont la première est la fatigue. L’enfant dys doit fournir de tels efforts pour compenser sa dyslexie qu’un chapitre trop long peut le faire chavirer.

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Extraits
Je me demande pourquoi...

« Je me demande pourquoi l’école sépare mon corps de ma tête. Pourquoi on doit rester assis, sur une chaise, devant une table toute la journée. Si je pouvais lire à plat ventre dans l’herbe, si je pouvais réciter les tables en marchant, si je pouvais compter les feuilles mortes au lieu des chiffres, si je pouvais réciter une poésie sur la musique du vent, ce serait tellement plus facile d’apprendre. »

Moi — Pourquoi je...

« Je voudrais lui dire à la maîtresse que je suis très concentrée. Je voudrais tellement qu’elle comprenne que je suis la personne la plus concentrée du monde. Je me concentre beaucoup même quand je ne me concentre pas. Parce que quand je ne me concentre pas, c’est que je suis en train de me concentrer pour me concentrer. C’est ça l’histoire. C’est drôlement difficile à expliquer. »

La directrice a dit...

« La directrice a dit : ” Je prête une attention particulière aux enfants dys. (…) Mais après l’inscription, je n’ai plus jamais vu la directrice. Peut-être qu’elle en avait marre de prêter son attention ou alors peut-être qu’un jour quelqu’un lui a pas rendue? »

Quand ma mère parle...

« Quand ma mère parle de livres avec mon frère ou avec mon grand-père, c’est comme si chaque histoire était un pays qu’ils visitent. Ils n’en finissent pas de comparer tous ces pays différents. Leurs yeux brillent, ils font des gestes et il y a plein de personnages, d’actions et d’émotions qui m’éclaboussent. C’est interminable, tout ce qu’on devient quand on lit. »

Des fois, je...

« Des fois, je rêve que j’écris tout juste. Je me réveille trop contente et puis je me rends compte qu’en vrai c’est un cauchemar. Parce que ça n’arrivera jamais. Jamais de toute la vie entière que je vais vivre. Et je peux vous dire que ça va faire longtemps. »

Ranger les mots...

« Ranger les mots dans ma tête. Comme le meuble que j’ai vu dans une pharmacie. Avec des dizaines de petits tiroirs qu’il ne faut pas mélanger, sinon on peut se tromper de médicament et mourir. Mourir avec un seul r parce qu’on ne meurt qu’une fois. Moi, des fois, j’ai envie de mourir à l’avance parce que je sais que les lettres des mots de la dictée vont se mélanger au dernier moment et que j’aurai « FAUX » écrit en rouge partout.»

La dyslexie, c’est...

« La dyslexie, c’est pas juste un truc qui me pourrit la vie à l’école. La dyslexie, c’est moi. C’est pas moi toute entière, ouf, mais ça fait partie de moi. Comme mes yeux, mes genoux ou mon envie de dessiner. Bon, j’ai bien essayé de l’enlever de moi, cette dyslexie. Mais c’est comme enlever un genou —ça fait mal— ou enlever une envie —c’est dommage. Je ne peux pas non plus la guérir parce que ce n’est pas une maladie. Alors, je me dis qu’autant en profiter. Et ce serait quand même complètement idiot que je me pourrisse ma propre vie toute seule. »

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