20 mai, 2024 11:48 am
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L’Odalisque et l’Éléphant

Chut…
Approchez-vous…
Je vais vous raconter l’histoire d’un livre…
Un jour parmi les jours, une fille est allée au Sri Lanka pour son travail.
Elle en a profité pour visiter un orphelinat d’éléphants : paf ! coup de foudre.
Comme ce n’était pas loin, elle a fait un saut en Inde : tzin ! rencontre.
La même année —c’était une fille qui avait la bougeotte— elle s’est promenée à Istambul. Elle a vu les palais, le souks aux épices et aux lampes magiques, elle a vu le harem de Topkapi : vlan ! stupéfaction.
En Inde, la fille se casse la jambe. Elle est rapatriée d’urgence mais heureuse, absolument heureuse, pleine de paf de bang et de vlan et de tzin —très importants les tzin, on sous-estime trop leur influence—.
Et puis, ceci en entraînant cela, elle tombe amoureuse. Elle glisse amoureuse. Elle chavire. Elle succombe. Un amour surprenant. Atypique. Impossible. Un amour, quoi.
Résumons-nous : elle est émerveillée (voyages), immobile (trois mois de plâtre), chavirée (amour), révoltée (impossible)… Alors, elle réunit le tout. Tous les voyages, tous les amours pour raconter une histoire. Qui rendrait tous les amours impossibles possibles. Une bonne fois pour toutes, histoire de passer à autre chose.
Elle ne pense pas à un livre, pas du tout. L’écriture est depuis toujours son port intérieur, alors elle écrit. Elle respire, elle écrit, c’est très simple. Elle veut raconter une histoire qui occuperait son immobilité —c’était une fille difficilement immobile—, qui consolerait son amour, qui la ferait voyager.
Elle travaille le texte comme pour ses poésies : interminablement, le laissant reposer, le reprenant, une maille à l’endroit, une à l’envers, une en l’air, l’autre en mer… Elle n’est pas pressée. Elle découvre l’infini labyrinthe de la prose. Elle s’amuse, elle s’envole…
Puis, parce que les voies de l’univers sont impénétrables, cette histoire devient un livre. Son premier livre. Glups ! révélation.
Il est publié dans le pays où elle est né. Brésil, ce nom…
Il est petit, rouge, léger, Matissé, aimé, il fait 99 pages.
Un livre en appelant un autre, d’autres suivent…
D’autres livres. D’autres amours. D’autres voyages.
Le temps passe. Mais une chose ne passe pas : l’odalisque, l’éléphant, le sultan sont toujours là. Ils lui murmurent que l’histoire n’est pas finie. Tapis, ils attendent. Tranquilles, ils savent.
Le temps qui sait mieux que nous le quand de toute chose glisse sur l’histoire comme Leila sur ses babouches… La fille en profite pour traverser l’Atlantique, dans un sens puis dans l’autre et encore, et traduire l’histoire dans une autre langue —c’était une fille qui aimait le vertige—.
Tout cela dure des années et des années…
Un jour parmi les jours, une éditrice lit la traduction. Paf ! Rencontre.
D’autres livres éclosent, d’autres histoires se tissent…
L’Odalisque attend toujours, lisant dans la tour, découvrant le harem et les inextricables voies de son propre cœur.
Le Sultan roupille.
L’Éléphant travaille à surmonter les obstacles, réveiller les désirs.
Car il manque encore quelque chose, il manque quelqu’un.
Et puis, une nuit parmi les nuits, la fille rencontre l’illustratrice. Tzin ! Evidence.
Le Sri Lanka, l’Inde, Istanbul c’était en 1992.
La publication au Brésil en 1998.
La rencontre avec l’éditrice en 2006.
La rencontre avec l’illustratrice en 2013.
Aujourd’hui, la fille —qui est devenue une femme il faut bien le dire— tient en main ce livre parmi les livres.
Il a quelqu e chose de nacré, de doré, de lumineux.
De grand et de petit.
Il est lourd mais léger.
Il raconte tous les paf les bang les tzin.
Il porte le travail d’autres filles qui l’aiment et même de certains sultans.
Il est éléphantesque, tout simplement.
Le temps fait une pause pour regarder l’odalisque se balancer dans la trompe de l’éléphant, le sultan dormir, l’or et les roses… Le livre s’ébroue, il va parler…
Chut…
Approchez-vous…
Il est à vous…
P.S. Dans le rôle de l’éditrice: Cécile Terouanne.
Dans le rôle de l’illustratrice : Charlotte Gastaut.
Dans le rôle de la fille: Pauline Alphen.
Dans toutes les librairies : le 5 mars 2014.

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