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Levedad

La façon dont les artistes travaillaient et parlaient de leur quotidien m’a toujours intéressée. Je suis allée piocher ces livres dans ma bibliothèque. Ou plutôt dans les diverses petites bibliothèques organisées « par langue » (écrivains français, lusophones, anglophones, italiens, hispanophones etc.) ou par thèmes d’intérêt (poésie; Iliade et Odyssée/Grecs; Merlin/Table Ronde; lecture/écriture; mémoire; temps etc.). Il y a les livres du couloir, ceux de la chambre, ceux de la cabane.
En cherchant ceux qui parlent de l’écriture, j’ai été prise d’une furieuse tentation de tout réorganiser. Tentation à laquelle j’ai fort heureusement résisté. Je garde cette activité pour une période où j’aurai besoin d’injection de bonheur immédiat. Organiser, ouvrir, humer mes livres est comme revenir dans sa maison d’enfance et redécouvrir des pièces, des passages, des souvenirs. Mais c’est une autre histoire…
Aujourd’hui, j’aimerais vous parler d’un livre, enfin deux, bref… Avant de décider de réunir les livres qui parlaient d’écriture, je cherchais un livre en particulier: Seis propuestas para el milenio. Un livre d’Italo Calvino découvert dans une librairie à Barcelone et lu en espagnol. Le volume réunit six conférences écrites en anglais  que Calvino s’apprêtait à donner aux Etats-Unis (Six memos for the next millennium) quand il est décédé. La très belle édition espagnole (Ediciones Siruela) reproduit une page manuscrite écrite par Calvino. Donc: un écrivain italien qui écrit en anglais et que je lis en espagnol 🙂

1. Lightness; 2.Quickness; 3. Exactitude; 4. Visibility; 5. Multiplicity; 6. Consistency.

Le mot « Consistency » est à demi effacé. Calvino n’a jamais écrit la sixième conférence. Consistance reste donc transparente et inachevée. J’ai lu la première conférence, « Levedad », la première fois en 1989, elle m’avait tellement marquée que je n’ai jamais pu aller au-delà. Chaque fois que je reprends ce livre, je relis « Levedad ».
Je décide de me procurer le livre en français et découvre que le titre est devenu Leçons américaines. Leçons !? Mais pourquoi ? Le titre original est tellement plus intéressant.
Internet et les livres étant ceux qu’ils sont, je lis un bel article de François Bon (son blog est une mine!) sur le livre de Calvino et j’y pêche le titre d’un autre livre : Manuel d’écriture et de survie (Ed. Seuil). Ce que je lis est alléchant. Je ne connais pas l’auteur. Je le commande. Le petit livre à couverture rouge de Martin Page est arrivé en début de semaine dernière. Dès les premières lignes, j’ai su que ce serait un de ces livres qui accompagnent. Je l’ai économisé. Me forçant à n’en lire que quelques pages par jour, le matin, avant de me mettre au travail. C’était parfait, la lecture de Page inaugurait la journée de travail de la meilleure manière qui soit. J’ai souligné, dessiné des sourires, des exclamations, des « oui », des interrogations. Avec la merveilleuse sensation d’être d’accord et de ne pas être d’accord. De trouver des échos et des différences. Celle de dialoguer. Je pourrais en citer de nombreux passages parmi lesquels je choisis ceux-ci:

« Quand on écrit pour les enfants, on écrit d’abord pour soi… Ensuite, on découvre qu’on écrit pour les enfants qui ne sont pas écoutés. On les fait rire, on les étonne, on entretient leur enthousiasme (et le nôtre), on leur donne des nouvelles de l’avenir, et sans doute essaye-t-on de les préparer à l’affronter. On donne aussi des conseils à l’enfant et à l’adolescent qu’on était. On lui dit qu’il n’est pas seul (un des seuls dialogue possibles est le dialogue avec le passé) […].
Les livres pour enfants sont des livres pour adultes. C’est logique, ils ont été écrits pas des adultes. Les enfants les lisent, ce qui prouve leur ouverture d’esprit et leur intelligence, mais les adultes devraient aussi se les approprier. Ne pas le faire, c’est passer à côté d’une part importante de la littérature. […] « 

Merci, Martin Page !

P.A.

🪶Abonnez-vous à ma newsletter mensuelle Écrire comme on respire. On y parle des Éveilleurs, du processus d’écriture, des lecteurs…
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2 commentaires

Valériane 26 septembre, 2017 - 11:19 pm

Et voilà deux livres en plus dans ma (déjà longue) liste de livres à lire !! Si seulement on pouvait faire des pauses dans la réalité pour prendre le temps de lire… ce serait formidable !
J’ai hâte d’ouvrir à mon tour ces oeuvres. Les écrivains qui parlent d’écriture c’est toujours (ou presque toujours) si agréable et intéressant à lire. J’ai l’impression de parler avec un proche.
Alors merci à toi Pauline pour ces partages et pour ce blog !

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Laura Millaud 2 octobre, 2017 - 10:18 am

Oui, ce livre de Martin Page est tres interessant !!

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