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Le temps des Eveilleurs.
Le temps de l’écriture.

Lectrices, Lecteurs…

C’est le début de la semaine, la fin du mois. Je m’assieds à mon clavier, après avoir fait mes pages du matin, avant de commencer à travailler, dans l’idée de vous écrire un mot pour bien commencer cette semaine. Alors même que je ne sais pas encore de quoi je vais vous parler, les mots s’inscrivent : début… fin…
Le temps… Quand j’étais jeune étudiante en Histoire, je voulais faire une thèse sur le temps, les représentations du temps, la symbolique du temps, la poétique du temps. Linéaire, circulaire, quantique…
La seule question n’est-elle pas: que faire du temps qui nous est imparti ?
Tiens, je viens de taper sans le vouloir le symbole de l’éternité sur mon clavier : ∞ Jolie synchronicité !
Le temps est un élément essentiel dans le processus d’écriture. En particulier, pour Les Eveilleurs. D’aucuns pensent que je mets « longtemps » à écrire cette saga. Ou même que j’écris lentement. Il n’en est rien. En réalité, ce récit porte en lui une temporalité propre que je découvre au fil du travail.
Les Eveilleurs ont déferlé sur moi, en moi, un jour de pluie à Paris, en 2000, alors que je courais derrière un bus. Ils ne m’ont pas lâchée depuis. Pas un jour ne s’est passé, même au milieu des tempêtes, sans que je pense à ce récit, aux personnages, que je ne l’écrive d’une façon ou d’une autre.
En 2006, j’ai commencé à y travailler à temps plein. En 2009, est paru le 1er tome, Salicande. En 2010, le 2ème tome, Ailleurs. En 2012, le 3ème tome L’Alliance. En 2013, le 4ème tome, Le Passage . Dans ce même laps de temps, sont parus des romans plus courts: Gabriel et Gabriel; L’Arbre à l’envers, et L’Odalisque et l’Éléphant en 2014.  Ainsi, 7 livres sont parus en 6 ans. Mais ils n’ont pas été écrits en 6 ans. Le rythme des parutions n’est pas celui de l’écriture. Qui n’est pas celui de la lecture.
Le temps de l’écriture ne se résume pas à celui que l’on passe à bâtir une intrigue, à former des phrases, à forger des chapitres… Le temps de maturation des idées, la métamorphose des idées en mots, l’alchimie entre les personnages, la construction des lieux, comporte une part essentielle de travail inconscient, de préparation émotionnelle, de rêveries, de rêves, de réminiscences… Autant d’éléments non quantifiables.
Aujourd’hui, pour Les Eveilleurs, j’ai conscience d’avoir proposé à l’éditeur et aux lecteurs un temps particulier, celui de ce récit particulier. Ce n’était pas une volonté de ma part, un plan, une stratégie ou que sais-je. C’est simplement ainsi que le récit s’est présenté à moi et s’est développé. Et je l’ai écouté.
Oui, j’écris l’histoire, j’en écris chaque mot, je réfléchis à chaque virgule, je déroule chaque action, j’écoute chaque dialogue, je vois chaque paysage, je suis chaque personnage. Oui ,je peux gommer un personnage d’un trait de plume. Mais, si je pèse chaque mot, vérifie chaque phrase, je ne possède pas le contrôle absolu de mon processus d’écriture. Je ne le soumets pas. Il ne me soumet pas. Je ne le plie pas aux aléas commerciaux. Je ne le fais pas chanter selon l’air du temps mais selon la musique que tissent les personnages. Et ce n’est même pas une revendication idéologique, cela se passe ainsi. Nous travaillons ensemble, dans un respect mutuel, fait d’émerveillement, de surprises, de jubilations. Un processus organique d’inspiration et de transpiration, d’enthousiasme et de découragement, de foi et de doute. Une relation à la fois magique et naturelle qui ne va pas sans heurts et certainement pas sans un travail acharné.
Le temps du processus créatif est singulier, particulier à chaque auteur et à chaque récit. Il est à la fois linéaire et circulaire, poétique et symbolique. Quantique !
Il m’arrive d’écrire des scènes, des dialogues, des descriptions qui ne trouveront leur place dans le récit que des mois et, parfois, des années après. J’ai, ainsi, écrit des pans des derniers volumes des Eveilleurs en rédigeant les tomes précédents. J’ai repris, ces derniers mois, des audios enregistrés en 2013 pour la fin de la saga. Je sais toujours quand il s’agit d’étapes qui viendront « après », même si je ne sais pas exactement quand cet « après » prendra sa place dans le fil du récit. Je le sens, c’est tout.  Il est très rare que ces textes « prescients » ne trouvent pas leur place, le moment venu.
Le tome 5 des Eveilleurs, Le Nomadstère, aurait dû paraître en 2016. Mais sont arrivées les tempêtes d’un autre processus, celui de la vie. Je ne contrôle pas les tempêtes. Je ne contrôle pas le temps. Je ne peux que décider de ce que je veux faire de celui qui m’est imparti. La réponse est inscrite en moi depuis l’âge de 10 ans. Je veux écrire.
Je continuerai à écrire cette histoire jusqu’à ce que les personnages ne murmurent plus à mon oreille sous la douche, jusqu’à ce que les Vifs ne dansent plus dans mes rêves,  jusqu’à ce que les paysages ne se superposent plus à celui que je vois par la fenêtre, jusqu’à ce que je n’aie plus mal au ventre les jours où je n’écris pas Les Eveilleurs.
Les récits ont besoin de pauses, de respirations, de silences, d’enthousiasme, de rêves, de désir, de foi. Les récits, ainsi que les hommes, ont besoin de temps.

Que le temps vous dure longtemps ! ∞

P.S. Vous avez recommencé à revenir sur ce blog et à m’écrire. Merci merci merci…

🪶Abonnez-vous à ma newsletter mensuelle Écrire comme on respire. On y parle des Éveilleurs, du processus d’écriture, des lecteurs…
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21 commentaires

Tom 1 septembre, 2020 - 10:26 pm

Et tu nous offres comme un saut dans le temps, un retour, une porte qui s’ouvre, lointaine… Quel plaisir ce retour ! Quelle énergie. Quelle inspiration. Quelles pensées qui se bousculent… Merci, Pauline !

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Pauline Alphen 5 septembre, 2020 - 5:11 pm

Oui, Tom, sautons ! A pieds joints et ensemble ! Le temps ne demande que ça. Qu’on lui propose des jeux plus intéressants que de tourner éternellement dans un cadran. Tellement contente de retrouver ce contact rapproché avec vous, avec toi. Bise ! P.A.

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Le boulanger Catherine 31 mars, 2022 - 12:33 pm

Bonjour
J’attends le tome 5 des eveilleurs avec beaucoup de gratitude. Cette saga est merveilleuse. Merci

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Mypianocanta 2 septembre, 2020 - 8:51 am

Je n’ai qu’un mot à dire : Prends le temps 🙂

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Pauline Alphen 5 septembre, 2020 - 5:26 pm

MAIS… Mais tu es là !
Je ne sais même pas vos prénoms à cause des pseudos.
Mypianocanta est toujours là ! Danse de la joie !
T’sais, comme dirait Renaud, c’est pas la femme qui prend le temps, c’est le temps qui prend la femme.
Le temps des Eveilleurs m’a attrapée dans ses rets il y a des années. Et il ne semble pas disposé à me lâcher 🙂
Ceci dit, je suis sûre que tu n’as pas qu’un mot à dire. Ce serait dommage !
bise
P.A.

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Pauline Alphen 26 janvier, 2022 - 11:42 am

Bon, tu vois, je prends le temps même pour te répondre !
Le site m’a beaucoup occupée et je n’en domine pas encore tous les méandres.
Je suis si heureuse de voir ton nom cher Mypianocanta !!!
J’ai encore en mémoire nos échanges sur le vieux blog.
Merci de pagayer encore à mes côtés pour mener à destination la barque des Eveilleurs !
Ecris-moi de temps en temps, c’est une lumière qui s’allume…

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Sylvie 2 septembre, 2020 - 9:10 am

Que cela me fait du bien de te retrouver par la musique et la profondeur de tes phrases, leur justesse et leur pudeur, qui le touchent! J’aime les Éveilleurs et leur autrice! Sylvie

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Pauline Alphen 5 septembre, 2020 - 5:23 pm

Sylvie ! Cela me fait également énormément de bien, de plaisir, de joie, de… tout ! C’est comme retrouver des amis après un voyage en solitaire ou la respiration après une apnée trop longue. Merci d’être là. Merci pour tes mots. BISE
P.A.

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Isa 2 septembre, 2020 - 9:51 am

Prends ton temps, respire doucement.
Sens l’air qui affleure tes narines
tu es cet air, il est ton souffle,
vous êtes inséparables depuis loin dans le temps.
Voici un chant du village des pruniers que je te partage pour te faire part de ma gratitude.
Merci de nous offrir de si belles musiques de mots, d’images et de sons.
Merci de nous revenir !

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Pauline Alphen 5 septembre, 2020 - 5:19 pm

Je respire.
Je ferme les yeux.
J’entends la voix des pruniers, leur souffle, qui vient effleurer ce clavier.
Tout s’apaise.
Tout fait sens.
Merci pour ce poème, Isa.
Merci de m’accompagner.
C’est précieux, si précieux…
bise
P.A.

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Valériane 5 septembre, 2020 - 2:42 pm

cette saga vaut infiniment largement le temps qu’il nous faut patienter pour avoir la suite. Cet univers que tu partages avec nous est merveilleux. N’oublie pas que notre impatience n’est autre que le fruit de notre amour pour tes mots, pour tes histoires Pauline.
Merci à toi !

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Pauline Alphen 5 septembre, 2020 - 5:13 pm

Ah… Parfois, il faudrait s’autoriser seulement à s’exclamer, à soupirer, à gémir d’aise. Aaaaaah ! Merci, Valériane. Et je m’apprête à en partager davantage encore. Je vous raconterai. BISE.
P.A.

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Pauline Alphen 5 septembre, 2020 - 5:28 pm

Ah !
Parfois, il serait bien de s’autoriser seulement une exclamation, un soupir, un gémissement d’aise.
Aaaaah…
Valériane, merci d’être là.

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Frédéric URBANI 12 septembre, 2020 - 10:26 am

Bonjour Pauline,
Pendant toutes ces années je me suis inquiété en silence. je présentais qu’il était arrivé in événement douloureux dans ta vie et n’osais imaginer lequel
Nous nous sommes rencontré à Toulouse lors d’une journée que tu consacrais à tes lecteurs.
Tu m’as redonné avec plus de force l’envie d’écrire et en cadeau 4 tomes d’une série pleine de mystères, de sentiments et de tendresse.
En échange, je t’ai donné un exemplaire de mon livre préféré, celui qui a changé ma vie. j’espère que tu as eu le temps de le lire. tu le mérites.
A moi aussi, ce blog manquait, comme tu me manquais.
Courage Pauline, le temps du renouveau approche !
Affectueusement,
Frédéric.

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Pauline Alphen 1 octobre, 2020 - 12:58 pm

Je me souviens de notre rencontre, Frédéric. Quand les livres donnent envie d’écrire, pour moi, ils accomplissent un bonheur de plus! Je suis certainement devenue écrivain parce que j’étais une lectrice insatiable et émerveillée. Pour cela aussi, ces échanges sur le blog me sont précieux.
« Courage » vient de « cœur ». Tant que nous ne manquons pas de cœur, le courage ne fait pas défaut 🙂
A bientôt !

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Jérémy 19 septembre, 2020 - 10:03 am

Oh que oui, le Temps de l’Ecriture est si différent du Temps du sablier !
Tes mots (vos mots, je te tutoie, je vous vouvoie, je ne sais plus !) ont un tel écho, c’est incroyable.
Oui, prends le temps de t’immerger dans ce Temps : Temps de l’Ecriture, Temps des Arts, des Rêves, de l’Inconscient…
Temps du Soi ?
Laisse le temps à ton Temps.
Laisse-toi ton Temps.
Nous t’attendrons.
Jérémy

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Moulin 14 avril, 2021 - 4:43 pm

Chère autrice des éveilleurs, nous ne nous connaissons pas mais vous contribuez à me donner envie de me lancer dans l’écriture .
Jai offert les tomes 1 et 2 à ma fille de 12 ans et je me ferai un plaisir de relire cette œuvre qui m a tant plu et que jai déjà relu une fois quand le tome 5 sera annoncé.
Javais renoncé à guetter des infos et suis heureuse de savoir que ce n’était qu un temps nécessaire différent de notre rythme de lectrice.
Vous souhaitant une belle fin de journee.
Caroline

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Kristine 15 octobre, 2021 - 3:19 pm

Merci pour ces mots. Je n’oublie pas cette saga qui m’a bouleversée et dont j’attends des nouvelles. Toujours. j’ai la même sensation que pour une rupture en pensant aux Eveilleurs… c’était si beau, que c’est dur d’interrompre une belle histoire… 🙂 Mais cet espoir d’un lendemain est un phare dans le lointain… Merci.

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Pauline Alphen 20 octobre, 2021 - 11:38 am

Bonjour Kristine,
Merci pour VOS mots. Décidément, ils ne pouvaient tomber plus à pic.
Je ressens comme vous cette rupture, tous les jours. Et, en filigrane, l’espoir de la joie anticipée des retrouvailles qui viendront, un jour.

Je pourrais, cet hiver, reprendre le fil de ce récit qui m’habite.
D’une façon ou d’une autre, quand la saga sera terminée, je trouverai un moyen de la donner à lire.
Et, avant cela, je proposerai ici, sur le site et les réseaux sociaux, une façon de vous donner à lire le tome 5 qui n’attend que ses lecteurs.
Le phare clignote, Kristine, malgré la brume et les tempêtes.
Gardez-vous bien, merci d’être toujours là.

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Colombe 22 mars, 2022 - 10:33 pm

Je comprends.
Je vis une chose similaire avec Orcélia.

C’est beau ce que tu dis (écris, pardon). C’est très beau…

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Catherine Le boulanger 10 décembre, 2022 - 6:59 pm

Bonjour, quand sort le tome 5 des eveilleurs, que je ne le loupe pas ? Merci
Bonne fin d’année

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