Pas d’écriture aujourd’hui. Des obligations familiales, administratives, scolaires (ah, les joies du futur antérieur!) et, puis, soudain, l’irruption de la violence. Un voisin perd ses nerfs pour une histoire stupide de radio trop forte. Il hurle, s’avance et s’arrête, son visage à deux centimètres du mien, il éructe des ordres. Parce que je ne recule pas, parce que —sur le coup— je n’ai pas peur, il serre les poings, un rictus le transforme en un inconnu écumant de rage. Pourquoi? Le pouvoir. Le pouvoir de la présence d’un corps de 90 kg sur un corps de 53 kg —euh, 55?. D’un homme sur une femme. D’un propriétaire sur une locataire. Le pouvoir qu’il croit avoir, qu’il aimerait avoir. Parce que je ne lui accorde pas ce pouvoir, il est à deux doigts de me frapper. Sans raison.
J’ai vécu, cette année écoulée, une succession de situations de stress. L’adrénaline nous permet de faire face au stress. Devant le danger, deux types de réaction, faire face ou fuir. Parfois, le danger est trop grand, il faut fuir. Ce n’était pas le cas. La stupidité —une situation stupide, un homme stupide— primait sur le danger.
Ensuite, une déferlante d’émotions rétrospectives. Stupéfaction. Peur. Colère. La peur se raisonne. La colère passe. Quant à la stupéfaction… Il faudra réfléchir, comprendre. Il faudra écrire.
A demain !
P.A.
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La vie est un sacré forgeron (un estii d’cawlisse de tabarnak de forgeron !) elle rudoie bien plus souvent qu’elle ne dorlote puisque les mers calmes ne font pas, parait-il, les bons marins. N’en demeure pas moins vrai que, sur le moment, la sagacité, la persévérance, la ténacité et le courage qu’elle exige peuvent faire sérieusement grincer des dents ….
Pour le courage de ce jour, comme pour tout le courage que tu as déployé cette année, pour tous ces gants que tu as relevés, coute que coute, je te rends hommage, Pauline !
« Il dépend de nous que notre passage
Change en or l’ordure et le mal en bien »
écrivait Aragon dans la Chanson de Jean de Chauny et j’ai une entière confiance en tes capacités d’alchimiste <3
L’hébétude, la stupeur, je les ai toujours vues (vécues aussi) dans le sillage des expériences traumatiques, il me semble qu’elles « protègent » jusqu’à ce que l’on soit capables de dégager du sens…
Je t’envoie mes pensées les plus chaleureuses, les plus soutenantes, je sais que l’on continue à écrire même les jours où l’on n’écrit pas, Sans doute serait-il plus juste de dire : cela s’écrit à travers soi, dans 53kg de courage, d’intelligence et de générosité 😉
Que les Anges et les Dragons te protègent !