21 novembre, 2024 9:13 am
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Newsletter #1

par Pauline Alphen
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Lectrices, Lecteurs !

Des nouvelles des Éveilleurs

J’ai repris mon bâton de Nomade pour arpenter les chemins du Nomadstère.

Au Temps Rouge et au Temps Blanc (d’octobre à janvier), j’ai repris les notes écrites ces six dernières années, les plans et les schémas pour les deux derniers tomes des Éveilleurs.

J’ai revu dossiers, fichiers, tableaux. J’ai organisé, planifié, classé, coordonné à en devenir dingue.

Au Temps Vert (février à juin), j’ai repris le tome 5 des Éveilleurs, Le Nomadstère, en relisant avec toutes mes loupes, en recoupant avec les notes et les plans.
Il me reste les deux derniers chapitres !!!

Le Temps Jaune sera consacré à écrire les Chroniques de Borges et les passages dans les limbes qui intègreront le récit. Puis, viendra le moment d’une seconde relecture du volume entier pour les derniers détails.

À la rentrée, j’aborde les rivages du Tome 6, celui de la fin de l’histoire…
Et ça, ça… Je ne saurais vous dire à quel point j’ai hâte.

Un extrait de Le Nomadstère (Les Eveilleurs, vol 5, inédit.)

« La bibliothèque occupait un immense volume circulaire, réparti sur tous les étages du Lectura. Claris n’en apercevait qu’une petite partie, les étages supérieurs se perdant dans l’obscurité. D’innombrables rouleaux étaient rangés dans leurs niches en nids d’abeille, des milliers de codex et de livres habitaient les étagères qui couvraient les murs ou étaient serrés dans des armoires garnies de treillis pour les protéger des rongeurs. Un système ingénieux d’échelles coulissantes permettait d’accéder aux ouvrages en hauteur.

Au premier niveau, la salle ronde où arrivèrent les Postulants était occupée par de grandes tables en bois brut, non équarries mais polies par l’usage. C’était comme si les arbres d’eux mêmes s’étaient couchés là, hommage des Nomades aux êtres végétaux qui leur fournissaient le support et le confort indispensables à leur office. Des chaises à hauts dossiers les entouraient et de profonds fauteuils leurs tendaient les bras. Les flambées étaient bannies d’un lieu dédié aux livres et les grands braséros remplis de charbons ardents ne suffisaient pas à chauffer un tel volume mais des piles de plaids attendaient les lecteurs.

Plonger dans le flow

J’ai assez tôt lu des journaux d’écrivains que j’aimais (Virginia Woolf, Anaïs Nin, Sylvia Plath, Catherine Mansfield, J. L. Borges…) J’écrivais déjà mais je n’y allais pas pour chercher des tuyaux. Je dévorais ces journaux parce que ce que ressentaient les écrivains pendant qu’ils écrivaient me passionnait. Je m’identifiais à ça : au processus.

Lorsque j’ai commencé à publier, sont venues les questions en interviews ou dans les écoles : comment écrivez-vous, où trouvez-vous l’inspiration, pourquoi avez-vous voulu devenir écrivaine ? Pour y répondre le plus honnêtement possible, je me suis intéressée à mon propre processus d’écriture.

Lorsque j’ai commencé à accompagner des gens qui veulent écrire, j’ai constaté qu’ils sont souvent perdus avec ce processus. Tout le monde veut une méthode mais il n’y a que des processus d’écriture singuliers. Chacun doit trouver et construire le sien. Même si certaines étapes sont communes et que savoir comment se débrouillent est toujours intéressant, ce qui marche pour les uns ne marche pas pour les autres. La seule façon de savoir ce qui marche pour soi : essayer encore et encore, écrire encore et encore. C’est ce que je propose à ceux que j’accompagne : les aider à découvrir ce qu’ils veulent écrire et comment ils peuvent le faire, à apprivoiser, note par note, leurs propres rythmes d’écriture.

Ce rythme, cette musique, que j’ai commencé à explorer à dix ans.

Comment tout a commencé…

Quand j’avais 10 ans, mon prof de CM1 qui s’appelait M. Milési —c’est le seul nom de prof de l’école primaire dont je me souvienne— a eu la bonne, la fantastique, l’initiatique idée de proposer aux élèves de faire des textes libres. Des rédactions qui ne seraient pas notées. Et surtout : ON N’ÉTAIT PAS OBLIGÉ ! Libres, vous dis-je. Juste pour le plaisir.
Sur le mur, était accrochée la liste des élèves.
Pour chaque texte écrit, M. Milési dessinait 1 point bleu à côté du nom.
3 points bleus = 1 point rouge.
3 points rouges = 1 livre que M. Milési achetait de ses propres deniers.

Les mots des lecteurs

« Je me souviens de petite N., douze ans, l’âge des jumeaux, qui découvrait Salicande pour la première fois. Le vieux livre bleu du premier tome est corné, il est même une fois tombé entre les mains d’une petite cousine qui l’a gribouillé de toutes ses forces. J’ai recopié la page presque illisible et j’ai continué à lire.

Combien de longues soirées d’hiver j’ai passées, sur des feuilles immenses, à essayer de créer les règles du jeu des Milles Chemins, combien de calculs plus ou moins savants pour trouver comment recréer un dé à cinq faces.

Quand j’étais au lycée, j’ai fait la lecture pour mes frères, avant que le bac et le stress de se demander quelle adulte j’allais bien pouvoir devenir ne m’emportent ailleurs.

Dans les tomes suivants, j’ai appris à aimer Chandra, sa fougue et son indépendance, à haïr Blaise et à lui pardonner, à admirer et craindre Jwel comme une sœur. J’ai rêvé de réapprendre à parler et de guérir mes blessures comme Claris sur une île si lointaine. Frissonné de voir Jad s’aventurer si loin, pleuré pour Bahir perdu et pour Tierra retrouvée. J’ai lu et relu, et compulsé les Chroniques de Borges et dévoré avec les larmes aux yeux les carnets de Sierra.

Je continue à m’émerveiller de détails. J’ai découvert, il y a peu, que Borges était le nom d’un écrivain argentin et l’Aleph un livre de Borges et puis aussi une lettre, et puis aussi un concept mathématique. Et je me suis indignée de ne pas l’avoir su plus tôt.

Dix ans plus tard, ces livres restent un de mes cadeaux d’anniversaire préférés. Je les relis par fragments entre deux recherches pour mon mémoire de fin d’études. Et quand je sors du labyrinthe, Chandra me tend toujours les bras.

Qu’importe le temps qu’il faudra, je serais toujours au poste pour les Éveilleurs avec plaisir 🙂

N.

Idées de lecture

Journal d’un écrivain, Virginia Woolf
L’art du roman, Virginia Woolf
Carnets Intimes, Sylvia Plath
Journal, Catherine Mansfield
Danser au bord du monde, Ursula K. Le Guin
Borges en dialogues  avec Osvaldo Ferrari
Profession Romancier, Haruki Murakami.

« S’il n’y avait pas d’abord ce puissant désir intérieur d’écrire, rien n’y ferait aucune date butoir, aucune somme d’argent, aucune supplication. Il n’y aurait tout bonnement pas de roman. » Haruki Murakami

Et le monde dans tout ça ?

(rubrique flottante, floue, fantasque)

On me dit que « blog » est un mot à bannir, que plus personne ne dit « blog ». Dommage. Blog est un chouette mot —dit-on encore « chouette » ?  Simple, musical, gargouillant. Je le dis avant qu’il disparaisse : blog blog blog !


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