Serra da Capivara, Piaui, Nord-Est du Brésil.
La plus grande concentration de peintures rupestres au monde, réparties sur 172 sites.
Et il reste tant à découvrir…
Aujourd’hui, une région semi-aride, hérissée de somptueux cactus, la Serra da Capivara était recouverte par une forêt tropicale, verte, dense, humide. Peuplée d’hommes, de femmes, d’enfants, de tatous gros comme des coccinelles (les voitures), de paresseux pesant des tonnes, de tigres dents-de-sabre, d’arbres immenses, de rivières poissonneuses, de fleurs perdues…
L’art rupestre m’a toujours fascinée. J’ai un souvenir ébloui de Lascaux qui m’a marquée profondément. La scène du passage de Claris dans « Ailleurs » est inspirée très littéralement de ce site privilégié. Je me souviens d’avoir éprouvé la même sensation que dans une cathédrale. Révérence, respect, admiration, effroi… Un endroit dont on sort différent.
Lascaux est une grotte, il y fait sombre et silencieux. Les peintures, protégées par l’obscurité, ne se révèlent qu’à la lumière des lampes.
Les parois de la Serra da Capivara sont des abris sous roches, pas des cavernes. Elles sont exposées au soleil, à la pluie, aux mocós (petts rongeurs), au chant multiples des oiseaux. Pas de passage par l’obscurité. Pas d’effroi. Les figures sont mobiles, elles semblent danser, sauter, s’amuser, jouer. Elles font l’amour, elles chassent. Elles sont petites, parfois minuscules, rouges, blanches, noires. Il se dégage des parois une sensation d’allégresse, de mouvement, de légèreté, d’espoir. Une effervescence joyeuse.
Elles se sont imprimées sous mes paupières.
Je les vois en fermant les yeux.
Je me sens différente.
S’il est vrai que tout est en mouvement constant, que tout est changeant, les petits personnages dansants de la Serra da Capivara montrent que le temps ne dévore pas tout de ses dents transparentes…
Non, pas tout.
Il faut garder la joie !
P.A.
13 commentaires
Bonjour =)
Merci d’avoir devancé ma question, qui n’allait pas manquer d’arriver ! ^^ Je comprends mieux maintenant pourquoi tu disais que tu aurais écrit la scène de la grotte différemment si tu avais vu ces
peintures rupestres brésiliennes avant.
C’est vrai que cette photo est superbe et qu’elle respire la joie, qu’on a vraiment l’impression que les personnages sautent et rient =) En vrai cela doit être encore plus exceptionnel ! Et je
trouve ça rassurant, quelque part, de savoir qu’il reste des traces du passage de ces hommes sur terre, il y a si longtemps. Surtout d’aussi belles traces. Cela a quelque chose d’émouvant.
Il n’empêche que j’adore vraiment la scène du passage de Claris dans la grotte, telle qu’elle est ! Avec les animaux un peu inquiétants à la lueur de la lumière de l’épée, ce sentiment de
recueillement devant ces dessins millénaires et puis les mains rouges peintes sur la paroi, passage… C’est très beau et je n’aurais pas voulu que ces lignes soient autrement (bon si elles
l’avaient été, je ne l’aurais jamais su, mais quand même ^^ Je m’y suis attachée). Et puis la joie de ces petits personnages aurait-elle pu atteindre Claris dans son état ? Je crois que non.
Du coup ça fait venir une autre question 🙂 Est-ce qu’il t’arrive de réécrire des scènes longtemps après, même une fois que le livre est publié, juste pour toi ? Ou tu n’y touches plus du tout
?
En tout cas, merci de partager avec nous ton superbe voyage brésilien ! Je le suis avec grand plaisir =)
Gardons la joie alors, au soleil c’est bien plus facile ! 😉
Namarië !
Oui, c’était très émouvant.
Et, oui, la joie qui s’en dégage est si particulière.
Et encore oui, je n’aurais pas, en fait, choisi ses peintures pour le passage de la grotte. Parce que trop joyeuses, trop légères justement. Il fallait la concentration, la sacralité de Lascaux.
Tu as, encore un efois, tout compris, Ipiu !
Je ne réécris rien quand le livre est publié. Pas pour les Eveilleurs, en tout cas, pour une raison évidente: je dois écrire la suite ! Il m’arrive de relire des passages et de me dire: « j’aurais
pu faire ci ou ça » mais je ne m’attache pas à ce sentiment parce que ce genre de regret est stérile. Ce flux tendu des Eveilleurs est délicat. Je suis perfectionniste, si je m’écoutais je ne
rendrai les textes qu’avec la sensation qu’ils sont aboutis. C’est à dire… jamais ! Le rôle de l’éditrice à ce moment est crucial. C’est elle qui coupe le cordon en quelque sorte. Normalement, je
ne relis pas mes livres une fois publiés. Sauf pour l’Odalisque… Mais ça je te raconterai un autre jour.
Oui, la joie !
P.A.
Salut Pauline !
Comme ça fait du bien un peu de tes mots frais dans ces jours de chaleur !
Tu donnes en tout cas vraiment envie d’y aller ! Qui sait, je pourrais y aller dans 4 ans pour les JO, ça serait une double occasion ? 🙂 Tu suis ce rendez-vous ? Moi je suis PAS du tout sport,
mais j’adore l’ambiance de ces jeux, qui réunissent le monde entier malgré toutes les raisons politiques ou autres !
Sinon quand nous donneras tu des infos sur L’Odalisque et l’Éléphant ?
Je t’envoies milles bonnes pensées un peu salées et étoilées, car je reviens de deux semaines de plage et de deux soirées allongé sur le sable, englouti par la voute céleste…
Tom
Salut Tom,
L’Odalisque et l’Élephant, j’y travaille…
Dès que j’ai des dates, je fais signe !
Pensées salées et étoilées ? Mais c’est parfait !
P.A.
Ah, et bonne fête à Claris 😀
Tom
Bonjour Pauline =)
Dernier petit message avant de prendre la route des vacances dans 2h. Enfin ! Le jour tant attendu est arrivé ^^
Tu sais que ça faisait un moment que je voulais lire Borges, sans trop savoir par où commencer, ni en avoir le temps d’ailleurs. Eh bien, l’autre jour je tournais autour du rayon dans une librairie
et là je vois : « L’Aleph » ! Je ne savais pas que Borges avait écrit un livre qui s’appelle comme ça ! J’ai trouvé que c’était une belle synchronicité et je n’ai pas pu résister, je l’ai pris 😉 Ce
sera une de mes lectures de vacances et je ne manquerai pas de venir la partager avec toi à mon retour, car je penserai forcément à toi en le lisant ! =)
Voilà, direction le sud donc, pour remplacer momentanément ma Bretagne ultra-pluvieuse !
Très bonne fin de séjour brésilien et à bientôt ! =)
Ah, je suis si contente que quelqu’un ait pêché cette allusion dans Les Eveilleurs !
J’espère que tu auras apprécié l’écriture fabuleuse de cet argentin qui, pour moi, à 20 ans a été un vraie révélation, une sidération même. « Fictions » est incroyable aussi.
Tu me fais signe quand tu as fini de lire?
A bientôt !
P.A.
Pauline,
Je viens juste de commencer l’Alliance. pour mieux le savourer, j’ai relu les deux autres et j’ai effectivement constaté que le vrai lecteur peut suivre un autre chemin, contempler le même paysage
avec un éclairage différent à chaque voyage, et découvrir des gouts, des couleurs des sons qu’il n’avait pas perçu la première fois !
En lisant les précédents commentaires j’ai découvert qu’il existe un auteur argentin du nom de Jorge Louis Borges et que l’une de ses œuvres s’intitule L’aleph. Amusant tout ces clin d’œil à ta
culture, à tes voyages. Je me rends compte de l’immense doses de toi que tu as glissé dans « Les Eveilleurs » ! serais-tu plutôt Maya, plutôt Claris, ou bien un subtile mélange de tous ces
personnages, y compris les plus mystiques !
Bon, à défaut de partir en vacances cette année, je retourne à salicande avec Hugh pour de nouvelles aventures !
Bien des sourires aux brésiliens et au plaisir de te voir un jour à Toulouse …
Hey Fred !
ALors toi aussi tu relis les Eveilleurs ??? TROP BIEN !
Oui, oui, c’est ça: plusieurs chemins, d’autres paysages à chaque lecture. Merci, Fred…
J.L.Borges est un immense écrivain que j’ai « glissé » dans Les Eveilleurs en espérant que vous le découvririez…
As-tu fini l’Alliance? Raconte !
A bientôt !
Ah, je serai en signature chez Gibert, à Toulouse, le 21 septembre.
P.A.
Je viens de voir le message d’Ipiu ! Mais oui c’est fantastique tu as pris son nom et celui de sa dernière nouvelle qui n’est autre que l’Aleph ! Et comble de tout ça, c’est un Brésilien !
Il me le faut !
Bisous !
Tom
Salut Tom !
Pas brésilien, Tom, Argentin !
Et Umberto Eco avait fait ça avant moi avec « Le nom de la Rose » et son bibliothécaire aveugle.
Je suggère: « Fictions », « L’Alpeh », « Le livre de sable », « Hsitoire de l’éternité »… Il y en a tant !
Et si tu te sens vraiment d’humeur argentine, lis aussi Julio Cortazar, incroyable: « Cronopes et fameux », « Marelle », « Tous les feux, le feu »…
Bonne lecture !
P.A.
Merci pour tes réponses 😉
J’ai hâte d’en savoir plus sur l’Odalisque et l’éléphant !
Et pour cet auteur argentin qui a inspiré Borges et l’Alpeh, je vais essayer de le lire 🙂 !
Comment dit-on à bientôt en brésilien ?
Bises !
Tom
L’Odalisque ser publié en 2013.
Je vous tiendrai au courant.
Oui, oui, lis Borges ! « Fictions » !
A bientôt
P.A.