« Dysorthographique ne veut pas dire débilitique. » AMBRE
Un jour, en rentrant de l’école, Ambre retrouve son arbre, son préféré, celui sous lequel elle prend son goûter, dans lequel elle lit, sur lequel elle joue, foudroyé. Elle n’avait jamais pensé à ça : que la vie d’un être vivant pouvait s’arrêter d’un coup. Elle ne savait pas qu’un arbre pouvait mourir. Ni même ce que mourir veut dire. C’est une sacrée révélation !
Elle ne comprend pas. Pourquoi on ne lui a pas dit que cela pouvait arriver ? Elle se dit que, peut-être, si elle y avait été préparée, il n’y aurait pas eu la surprise, la mauvaise surprise qui donne une chair de poule à l’intérieur, qui fait comme une égratignure en dedans. Et puis, si cela va arriver à tout le monde, si c’est dans l’ordre des choses, pourquoi donc est-on surpris ?
Ce livre parle de cette révélation, de cette énigme, de ce silence. Il raconte comment Ambre va vivre l’arrivée de Lamor dans sa vie, comment elle va mettre en place une réflexion, des stratégies, une acceptation et même un entraînement féroce pour ne pas se noyer dans l’ordre et le désordre du monde. Avec tout son humour, sa tendresse, sa poésie et sa… joie de vivre. Parce que la meilleure façon de s’entraîner à la mort, c’est encore de se concentrer sur la vie…
- Prix Renaudot des Benjamins 2019
- Prix des enfants du livre 2019
- Sélection Prix de la PEEEP
Il y a de cela quelques années, à ma grande surprise, ma fille a été diagnostiquée dyslexique en CE1. Plus spécifiquement dysorthographique, elle n’avait pas de problème de compréhension, de raisonnement, de vocabulaire ou d’imagination. Mais les efforts de compensation, d’attention et de concentration qu’elle mobilisait pour lire et écrire étaient énormes. Finir un chapitre ou une dictée prenait un temps infini pour un résultat jamais acquis. Il est vite apparu qu’elle courait le risque de se décourager, de renoncer à la lecture, de perdre confiance en elle.
J’ai voulu faire appel à mes alliés naturels: les livres. Le contenu n’étant pas en cause, mais seulement le contenant, j’ai privilégié d’abord des récits courts pour qu’elle ait la satisfaction d’avoir lu « un livre en entier ».Toutefois, vers 10 ans, le contenu de ces livres ne correspondait plus à sa maturité. Problème: la lecture des « gros livres », dont elle pouvait parfaitement appréhender le récit, la construction, le vocabulaire et les enjeux, restait une odyssée pleine d’embûches dont la première est la fatigue. L’enfant dys doit fournir de tels efforts pour compenser sa dyslexie qu’un chapitre trop long peut le faire chavirer.[ms_expand class= » » id= » » more_icon= »fa-plus » more_icon_color= »#daa520″ more_text= »Voir plus » less_icon= »fa-minus » less_icon_color= »#daa520″ less_text= »voir moins »]
Les livres ne sont pas pensés pour ces lecteurs. Car ils sont lecteurs. Des lecteurs à part entière, intelligents, exigeants, et souvent particulièrement inventifs. Si leur lecture est plus lente et périlleuse, cela ne modifie en rien leur désir de lire, leur capacité à comprendre les enjeux de l’histoire, leur sensibilité à saisir les personnages. Ils méritent que l’on réfléchisse à des aménagements qui ne les excluent plus du monde de la lecture.
Je suis écrivain, “lirécrir” est ma planète et la littérature jeunesse mon pays. Je me sentais concernée comme maman et comme écrivain. J’ai décidé de faire ce que je pouvais : écrire l’histoire que je ne trouvais pas, en construisant un personnage de fiction, enrichie de mon expérience et de celle de ma fille mais aussi de toutes les Ambre et Balthazar que je croise à l’école, dans le cabinet des orthophonistes, dans les classes où j’interviens. Pour essayer d’offrir du recul, d’alléger, de pouvoir aussi en rire, comprendre depuis un autre point de vue.
La Vraie Vie de l’École est une histoire pour les enfants “pas dans le moule”. Une bouteille à la mer, un voeu pour qu’ils grandissent dans l’intégrité de leur singularité, en évitant que l’écueil de la différence provoque le naufrage de leur scolarité. C’est un hommage à leur courage, leur humour, leur persévérance.
La Vraie Vie de l’École est aussi un livre pour les parents, les enseignants, les orthophonistes, alliés indispensables et précieux, ô combien, car un seul, une seule peut représenter la boussole dont l’enfant a besoin pour arriver à bon port. Un seul livre peut donner à lire. Un seul enseignant peut donner à apprendre.[/ms_expand]
« Je me demande pourquoi l’école sépare mon corps de ma tête. Pourquoi on doit rester assis, sur une chaise, devant une table toute la journée. Si je pouvais lire à plat ventre dans l’herbe, si je pouvais réciter les tables en marchant, si je pouvais compter les feuilles mortes au lieu des chiffres, si je pouvais réciter une poésie sur la musique du vent, ce serait tellement plus facile d’apprendre. »
« Je voudrais lui dire à la maîtresse que je suis très concentrée. Je voudrais tellement qu’elle comprenne que je suis la personne la plus concentrée du monde. Je me concentre beaucoup même quand je ne me concentre pas. Parce que quand je ne me concentre pas, c’est que je suis en train de me concentrer pour me concentrer. C’est ça l’histoire. C’est drôlement difficile à expliquer. »
« La directrice a dit : ” Je prête une attention particulière aux enfants dys. (…) Mais après l’inscription, je n’ai plus jamais vu la directrice. Peut-être qu’elle en avait marre de prêter son attention ou alors peut-être qu’un jour quelqu’un lui a pas rendue? »
« Quand ma mère parle de livres avec mon frère ou avec mon grand-père, c’est comme si chaque histoire était un pays qu’ils visitent. Ils n’en finissent pas de comparer tous ces pays différents. Leurs yeux brillent, ils font des gestes et il y a plein de personnages, d’actions et d’émotions qui m’éclaboussent. C’est interminable, tout ce qu’on devient quand on lit. »
« Des fois, je rêve que j’écris tout juste. Je me réveille trop contente et puis je me rends compte qu’en vrai c’est un cauchemar. Parce que ça n’arrivera jamais. Jamais de toute la vie entière que je vais vivre. Et je peux vous dire que ça va faire longtemps. »
« Ranger les mots dans ma tête. Comme le meuble que j’ai vu dans une pharmacie. Avec des dizaines de petits tiroirs qu’il ne faut pas mélanger, sinon on peut se tromper de médicament et mourir. Mourir avec un seul r parce qu’on ne meurt qu’une fois. Moi, des fois, j’ai envie de mourir à l’avance parce que je sais que les lettres des mots de la dictée vont se mélanger au dernier moment et que j’aurai « FAUX » écrit en rouge partout.»
« La dyslexie, c’est pas juste un truc qui me pourrit la vie à l’école. La dyslexie, c’est moi. C’est pas moi toute entière, ouf, mais ça fait partie de moi. Comme mes yeux, mes genoux ou mon envie de dessiner. Bon, j’ai bien essayé de l’enlever de moi, cette dyslexie. Mais c’est comme enlever un genou —ça fait mal— ou enlever une envie —c’est dommage. Je ne peux pas non plus la guérir parce que ce n’est pas une maladie. Alors, je me dis qu’autant en profiter. Et ce serait quand même complètement idiot que je me pourrisse ma propre vie toute seule. »
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« On parle beaucoup d’enfants dyslexiques, et dans la théorie, c’est assez facile à comprendre. Mais du côté pratique, c’est bien plus compliqué à appréhender. . C’est un trouble qui ne se voit pas physiquement, et on pourrait avoir vite tendance à penser que l’enfant fait exprès de répéter ses erreurs, de mal écrire ses mots, voire de ne pas vouloir travailler. Or, il n’en est rien. Ce roman m’a permis de voir ces enfants différemment, de comprendre leurs difficultés quotidiennes, ainsi que leurs frustrations. Une très belle découverte. »
« C’est effectivement une belle leçon de tolérance et d’ouverture d’esprit que l’on se prend dans la figure avec La Vraie Vie de l’École. Ce qui m’a particulièrement impressionnée avec ce roman, c’est qu’il peut parler à tout le monde, pas seulement qu’à ceux directement ou indirectement concernés par la dyslexie. En effet, les petits comme les grands de tous horizons peuvent aisément s’identifier à ce qu’Ambre traverse car on a tous des combats à mener, des montagnes à gravir, des efforts plus ou moins colossaux à fournir afin d’atteindre nos objectifs dans la vraie vie. »
« Ce livre devrait être envoyé à tous les profs de France ! Des personnages attachants ; un style enlevé avec des trouvailles “vocabulistiques” originales; les illustrations qui accompagnent le texte sont magiques et poétiques pleines de fantaisie. C’est aussi un livre qui fait réfléchir car Ambre soulève de nombreuses questions à propos de la lecture et son apprentissage, le sens des mots, l’évaluation à l’école, les méthodes pour “soigner” la dyslexie…L’alternance récit /mails/ téléphones en font un livre très vivant qu’on a envie de lire à voix haute. »
« Un très beau roman, qui met en lumière, d’une manière très bienveillante, et surtout très déculpabilisante, la dyslexie et d’autres formes -dys. »