21 novembre, 2024 9:10 am
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Gabriel et Gabriel

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« Il est arrivé au Brésil, où les tantes ne sont pas des tantes,
où les chameaux sont des vaches, les jus de fruit des stades de foot,
et la chaleur une grande flaque où l’on peut s’étendre et dormir. »

Gabriel a onze ans. Il prend l’avion pour la première fois. Onze heures de ciel pour traverser la mer. Il arrive au Brésil, chez sa marraine.

Gabriel rencontre Gabriel. Le même prénom mais une autre couleur sur la peau, un autre soleil dans la voix, une autre liberté.

Amis ? Ennemis ? Pareils ? Différents ?

Pour Gabriel, cet été́ sera celui de la découverte d’un pays, d’une langue, de l’amitié, et de la magie qui en naît… pour de vrai !

Livre de Poche. Dès 8 ans.

Prix & Adaptations
  • Prix Littéraire de Genevilliers 2017
  • Sélection Graines de Lecteur, 2015
  • Prix Petits Champions de la Lecture 2014
  • Roman adapté pour l’opéra.
  • Création scénique AlmaViva Ensemble, Musique Aldo Brizzi, Mise en scène John Dew
  • Création au Théâtre Dunois Paris, en novembre 2014.
  • Roman en cours d’adaptation pour le cinéma

Affiche de L’opera

Le 14 juillet 1992, je reçus un fax du Brésil. Mon frère m’écrivait: “Avant tout, je veux te dire qu’elle est partie dans un sourire.” J’étais devant mon ordinateur, la lumière de l’été caressait les vieilles poutres de l’hôtel St Aignan qui accueillait les bureaux de l’ONG pour laquelle je travaillais. Le temps s’arrêta, vous savez, comme cela arrive parfois dans les moments importants.

J’étais en France et ma grand-mère (qui n’était pas ma grand-mère mais qui était ma grand-mère) venait de mourir au Brésil. Je ne pouvais pas sauter dans un avion. Je ne pouvais même pas vraiment pleurer. J’étais au travail, devant mon ordinateur. C’était l’été. Ma grand-mère n’était plus. Je voulais faire quelque chose. J’ouvris une page word sur l’ordi devant moi. Je pensai à elle. Je cherchai mon premier souvenir d’elle.

J’avais onze ans. J’habitais en France et je montais dans l’avion pour aller au Brésil où elle m’attendait. Elle et tant d’autres. Le pays tout entier. Et, soudain, je fus envahie. Mémoire. Émotions… En 1992, j’écrivais en portugais. Et que de la poésie. Je n’étais revenue en France que depuis quatre ans. Pour dérouler mes souvenirs, pour les pêchersi loin, la poésie ne convenait pas. Je pris le risque de la prose. J’écrivis longtemps ce jour-là, retrouvant ma grand-mère et découvrant que je pouvais écrire en prose. Je re-écrivis longtemps par la suite. 2011 – 1992 = 19. Dix-neuf ans.

Pendant dix-neuf ans, j’ai travaillé ce texte qui s’appelait alors “par exemple, la chronologie”, en minuscules et sans point. [ms_expand class= » » id= » » more_icon= »fa-plus » more_icon_color= »#daa520″ more_text= »VOIR PLUS » less_icon= »fa-minus » less_icon_color= »#daa520″ less_text= »VOIR MOINS »]D’abord en portugais. Puis en français. Et de nouveau en portugais. Puis encore en français. A la première personne. A la troisième avec un personnage féminin, puis masculin… Je ne le travaillais pas tous les jours, bien sûr, je l’oubliais pendant des mois, mais il ne m’a jamais quittée. Il manquait toujours quelque chose, ce n’était jamais comme je voulais. Alors, j’y revenais. Le récit a bougé, beaucoup. Ma grand-mère qui avait le rôle principal s’est effacée, d’autres personnes ont occupé le devant de la scène, des personnes qui aujourd’hui se confondent avec les personnages.

Huit ans plus tard, En 2005, en 2010, enfin, une éditrice formidable -la mienne- flasha sur ce texte. Le 12 octobre 2011, “Gabriel et Gabriel” paraissait enfin. En lisant les épreuves, j’ai, pour la première fois, senti que c’était ok, que je pouvais le lâcher. Parce que j’étais arrivée à une forme, un style, un fond qui me convenait? Parce que je peux maintenant lâcher l’enfance sans peur de la perdre?

Ce récit est le contenant d’un éblouissement, d’une rencontre fondatrice, de mes premiers souvenirs conscients du Brésil. Le symbole du Brésil en moi. De la langue, de mes deux langues en moi. De l’écriture. De ma grand-mère. De l’enfance. Gabriel et Gabriel connaît un beau parcours. Il a été adapté pour l’opéra et pour le cinéma. C’est le livre avec lequel je suis le plus intervenue dans les établissements scolaires, en France et au Brésil. J’ai des dizaines d’images d’enfants s’entraînant à l’abraço dans les deux pays. Quand je veux me souvenir que le temps qui passe n’abîme rien., je pense à Gabriel et Gabriel.[/ms_expand]

Extraits
Il bourdonnait.

« Il bourdonnait. Il volait. Gabriel, ça lui faisait tout drôle d’être dans l’avion sans ses parents. Ils étaient restés en France parce que son papa avait du travail et que sa maman était insomniaque dans la nuit. L’insomnie, c’est une maladie de la nuit que les mamans attrapent en même temps que les petits frères. Gabriel n’avait pas envie de penser à son frère maintenant. De toute façon, il n’y avait rien à en dire : un bébé, ça pleure, ça tète, ça dort, et ça recommence. Et ça rend les mamans insomniaques dans la nuit. »

Il entend un...

« Il entend un bruit de voix et de rires, le son de cette langue qu’il comprend mais oulala quand il faut la parler. Une langue qui lui rappelle sa mère mais s’échappe tout à coup. Une langue qui chante, qui rit et, soudain, s’étire lentement, comme si elle bâillait. Ici, tout le monde parle comme sa mère et cela les rend, eux tous, le Brésil entier, si confortables. »

La vie de Gabriel-Brasil...

« La vie de Gabriel-Brasil est chouette pour plein de choses et dure pour d’autres. Ça ne se voit pas en le regardant. Je ne le lui dirai pas, mais il est courageux. Ses histoires, ce ne sont pas des mensonges, c’est des mots pour se donner du courage. »

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