Bonsoir,
Plusieurs jours déjà que je n’écris pas ici. Mais c’est pour la bonne cause !
J’ai passé ces journées vissée devant mon ordi, dans la cabane, avec Maya et Blaise, Jad et Ugh, Blanc Faucon… Ne décollant de mon siège que pour le strict minimum.
Comme le supermarché, aujourd’hui, où jétais tellement ailleurs (à Salicande) que j’ai passé trois bonnes minutes à regarder fixement les poireaux sans me souvenir de ce que je pouvais bien en faire…
A la caisse, je croise quelqu’un qui a lu Les Eveilleurs. « Mais d’où vous viennent toutes ces idées »?
Je suis toujours embarassée pour répondre à cette question. Je n’ai pas de discours raisonnable à ce sujet. Alors, comme dirait Ugh, déraisonons ! Finissons-en une fois pour toutes, voilà comment ça se passe:
Quand j’avais 10 ans, mon prof de CM1 qui s’appelait M. Milési —c’est le seul nom de prof de l’école primaire dont je me souvienne !— a eu la bonne, la fantastique, l’initiatique idée de proposer aux élèves de faire des textes libres. Des rédactions qui ne seraient pas notées. Juste pour le plaisir.
Un texte libre = 1 point bleu à côté du nom sur la liste accrochée en classe pour chaque texte.
3 points bleus = 1 point rouge.
3 points rouges = 1 livre que M. Milési achetait de ses propres deniers.
Liberté + plaisir, cela ressemblait si peu à l’école, c’était irresistible !
Je me souviens parfaitement du frisson qui m’a parcourue de la tête aux pieds et dedans aussi, quand j’ai posé mon stylo sur la page vierge. Un frisson d’excitation, de peur, d’aventure.
J’ai regardé en l’air, en suçant mon bic, une idée est passée. Je l’ai attrapée.
Des mots chevauchaient l’idée. Je les ai écrits.
Un mot en appelle une autre, une idée en tire une autre. Le texte est sorti tout seul.
Un deuxième, un troisième, un quatrième ont suivi.
J’avais plus de points rouges que si j’avais attrapé la rougeole. Le prof a du se ruiner en bouquins!
Les vannes de l’écriture étaient ouvertes, j’avais trouvé le chemin du puits aux histoires. Le fil…
Je n’ai plus arrêté d’écrire .Liberté et plaisir.
J’ai toujours cette sensation, la même: qu’il suffit d’ouvrir quelque chose en soi, de se brancher à quelque chose en soi et autour de soi, pour que les idées viennent, coulent, affluent… Un relation magique à l’écriture? Que nenni ! Ou plutôt, comme dirait Blaise: rien n’est magique puisque tout est magique !
Ça, c’est le premier mouvement.
Ensuite, vient le second mouvement: travail. Après l’inspiration, la transpiration !
Ecrire, barrer, chercher, corriger, polir, écrire, biffer, sertir, limer, poncer, creuser, écrire, lécher, couper, panser, peaufiner, écrire…
Vers 16 ans, j’ai commencé à écrire de petits textes, de la poésie.
Écrire de la poésie, c’est comme écouter une musique de mots et essayer de la retranscrire.
J’ai entendu aujourd’hui à la radio que Fred Vargas disait la même chose. Que lorsqu’elle écrivait, elle écoutait une petite musique intérieure. Et que c’était pour ça qu’elle écrivait d’un seul jet, sans retravailler son texte. J’adore Fred Vargas. Quand je la lis, j’entends bien cette musique de la poésie. C’est pour ça que, pour moi, ce qu’elle fait ne ressemble à aucun autre polar. A cause de la musique. De la poésie.
Une musique donc et des sensations. J’ai passé des centaines d’heures de mon adolescence, immobile sous un arbre (très bénéfique les arbres) ou sur le toit de la maison (très vertigineux les toits) à écouter dedans et à regarder dehors. Un oiseau qui vole, une branche qui craque, le galop d’un chien, les eucaliptus qui se balancent au-dessus du lac , le jardinier qui fauche d’un bras rythmé et mortel. Sensations.
Sous mon arbre ou sur le toitn en suçotant le bic, je cherchais à traduire ces sensations en mots.
Chercher le mot qui marche le mieux, voir comment il s’agence avec son voisin, provoquer les rimes, le rythme, le son, la chute. Travail.
J’ai découvert qu’au sein de la liberté, il y avait du travail et à l’intérieur. Et toujours du plaisir.
Entre 16 et 32 ans, je n’ai écrit que de la poésie et des petits textes très courts.Beaucoup. Tout le temps. Pas de personnages, pas d’intrigue. Le travail des mots et la musique.
Et puis, un jour, pour une amie qui vivait une histoire d’amour impossible, j’ai commencé à écrire une petite histoire. Deux personnages: une odalisque et un éléphant. Une intrigue fastoche: une histoire d’amour impossible qui rendrait possibles toutes les histoires d’amour.
J’ai regardé en l’air et j’ai posé mes doigts sur le clavier de Merlin —tous mes ordinateurs s’appellent Merlin—.
J’ai écrit la première phrase :
« Il était gros. Il était rose. C’était l’eunuque le plus gros et le plus rose de tous les eunuques roses et gros —pensait Leila en glissant dans les couloirs du harem. »
Hein? Que faisait là cet eunuque? Un troisième personnage était apparu sans rien me demander! Il était là, il faisait danser ses graisses et les petites odalisques du harem. Bon…
Puis, 4 paragraphes plus tard, surgit le Sultan. Un sultan? Pourquoi faire? Parce qu’un harem appartient à un Sultan, répondit le Sultan. Il fallait donc une relation entre l’odalisque et le sultan. Et ainsi, un conflit avec l’éléphant. J’avais mis un pied dans l’intrigue…
La prose ne fonctionne pas tout à fait comme la poésie.
A cause des personnages d’abord. Les personnages sont vivants, ils ont leur vie, leur histoire, leurs envies, leurs dégoûts. Faut composer.
A cause de l’intrigue ensuite. Les personnages racontent une histoire. On ne raconte pas une histoire n’importe comment. Faut construire. Ça, c’est l’architexture.
Ainsi, les Eveilleurs s’écrivent en deux mouvements à la fois parallèles et concomitants: d’une part, les idées, les images, la création, l’imagination…. D’autre part, la construction, le tricot, la cuisine, l’architexture…
L’un ne va pas sans l’autre.
Comme cette balancoire où un enfant s’assied à chaque bout. L’un monte et l’autre descend.
Tout seul, ça me bouge pas.
C’est le poids de l’un qui permet à l’autre de s’envoler.
Il y a des jours, des phases, où le puits est fécond et les idées bouillonnnent. On s’envole.
D’autres où l’on pose une brique après l’autre, les bras lourds. On soupire.
Et puis, il y a des moments bénis où l’on fait les deux à la fois : transpinspiration ! Génial…
Je ne sais jamais, en traversant le jardin pour aller dans la cabane, si je vais être inspirée ou transpirer.
Ou les deux. Cela fait partie du jeu.
C’est mon travail, mon plaisir et ma liberté.
Demain, je recommence !
20 commentaires
Bonsoir Pauline,
Très belle histoire que celle de votre CM1, c’est vrai que c’est le genre de choses qui m’auraient plu également!
L’inspiration présentée comme telle, on a le sentiment qu’une petite muse vient vous souffler à l’oreille ce qu’il faut écrire! 🙂
C’est drôle d’ailleurs, parce qu’en lisant cet article, j’ai eu l’impression d’avoir devant moi une certaine Maya Borges 😉
Elodie
Bonjour Elodie,
Oui, c’est vrai, Maya et moi partageons pas mal de choses !
La muse… Tu sais, il ne faut pas sous-estimer le travail. Aujourd’hui, par exemple, je n’ai fait que ramer, avec la pénible sensation de ne pas avancer d’un pouce. Et là, la muse elle reste coite
!
à bientôt !
P.
J’adore votre écriture, elle est magique, elle fait rêvé! Même si vous n’écrivez pas de romans, juste une phrase… c’est magnifique.
A l’école, nous avons l’obligation de faire une présentations sur un livre historique (pour moi ce n’est pas vraiment une obligation =) et je l’ai fait et comme on avait le droit d’en faire
d’autre, j’ai choisi de faire une présentations sur des citations/philosophie de livres. J’aimerais en prendre dans les éveilleurs (si vous êtes d’accord) je pensais au premier carnet de Sierra et
aussi l’idée de l’arbre avec l’arc =)
Bonjour Léna,
Heureuse de voir que tu es fidèle au blog !
Bien sûr, tu peux presenter les Éveilleurs à l’école. En quelle classe es-tu?
Tu me raconteras?
à bientôt
P.A.
Personnellement, je n’aime pas trop Fred Vargas, mais on ne peut pas toujours aimer les mêmes choses que celles aimées par sa Popine!!!! Mais je me demande bien où sont passés Jad et Claris, et
surtout la nounou si géniale?….
C’est bizarre que tu n’aimes pas Ferd Vargas… Très bizarre! Qu’est-ce que tu as lu d’elle?
Jad et Claris suivent leurs routes, des routes différentes… Zut de flute ! Je ne peux pas en parler, désolée… Chandra est à Salicande, elle… ça non plus je ne peux pas en parler ! Mais ils sont là,
ils sont là, heureux de savoir que leurs lecteurs pensent à eux, et du coup ils me pressent encore plus d’écrire la suite de leurs aventures!
Merci d’être passée, Delphine !
P.A.
il neige aussi à Salicande?? Il fait froid aussi?? Et les maîtresses ne viennent pas, mais suis-je bête il n’y a pas de maîtresses, pas de devoirs, pas d’évaluations…le pays du bonheur….
Je suis en 8ème(j’habite à Genève donc c’est différend de la France, j’ai 13 ans (14 dans 3 mois 1/2)
Bonsoirs Pauline,
Je suis content d’avoir de vos nouvelles. J’ai cru à un moment, que vous vous étiez perdus dans le monde de Salicande et que vous n’en trouviez plus la sortie…
Mais quel plaisir, que serions-nous sans vous ? Vous êtes la clef de nos rêves ^^, sans les eveilleurs, la vie deviendrait si terne…ne nous faites plus un peur pareille !!
Sinon, votre histoire est touchante et marrante. Comme quoi, tout ne tiens qu’à un fil. Sans cet homme, peut-être n’auriez vous jamais écrit…peut-être que si on ne sait pas. Le romancier nait-il
grâce aux autres ? En tout cas, nous pouvons remercier cet homme, qui nous a permit de croire en un nouveau monde.
Et j’ai l’impression que chaque phrase, ou mot que vous écrivez et une vérité, et j’en apprend encore plus sur ce métier d’écrivain…en parlant seulement de vos pensées et de vos idées vous nous
donnez pleins de conseils…et de très importants.
Encore merci Pauline, et hate d’avoir des nouvelle de vous…
Ben
Salut Ben,
Promis, je ne disparaîtrais pas ! Tout au plus quelques jours, quand Les Eveilleurs seront trop possessifs ! Et puis, j’avais répondu à ton dernier commentaire, j’espère que tu l’as vu.
Tu sais, je crois aux rencontres. Je pense que j’aurais écrit même sans mon prof de CM1. Disons qu’il a représenté la premère occasion de le faire et que je l’ai saisie. D’autres se seraient
présentées mais celle-là était belle , empreinte de liberté. La vie est généreuse, elle nous offre de nombreuses occasions de devenir qui nous sommes, elle serait passée à nouveau… Heureusement, on
a quand même le droit de louper le coche !
Ce que tu dis me touche, Ben. Je n’ai pas la prétention de vous apprendre quoi que ce soit mais si ce que je raconte dans ce blog, au fil des jours et des pages des Eveilleurs, peut rendre ce
métier fou d’écrivain un peu plus proche des lecteurs et, surtout, s’il nous permet d’échanger comme nous le faisons maintenant, alors il en vaut la peine !
Je voudrais encore qu’il serve à autre chose: à ce que les lecteurs se lancent dans l’écriture, peut-être avec Les Eveilleurs comme plongeoir… Je ne sais pas encore comment faire. Je vais
réfléchir. Qu’en penses-tu?
A bientôt !
P.
Oui j’avais vu ce que vous m’aviez répondu. Sa ma fait plaisir.
Pour ma part, j’écris depuis l’âge de 16 ans, véritablement. Il a suffit d’une personne, d’un moment, et tout à commencé. Je n’avais pas vraiment de passion pour l’écriture même si j’aimais
beaucoup lire, et en un instant, l’écriture est devenue une nécessité. J’ai commencé des histoires qui n’avaient jamais de fin mais j’écrivais…et à présent, c’est devenu une sorte de rêve. De
pouvoir me faire publier et partager mes écrits…est devenu un rêve, une passion.
Sinon, conçernant votre proposition et projet d’écriture pour les lecteurs sur ce blog, je pense que cela peut être une très bonne idée, et que beaucoup seront intéressés. Moi, oui. Après, la façon
de l’organiser etc, je n’ai pas trop d’idée pour le moment. Mais, l’idée est vraiment très bonne et, excitante. Ecrire « sur » le blog d’une romancière…que demander de plus ?
A bientôt.
Ben.
Pardon, Ben, je viens de m’apercevoir que je ne t’avais pas répondu alors que je croyais l’avoir fait.
Donc, tu écris ! Oui, l’écriture peut être une nécessité, je comprends très bien ça.
Aujourd’hui, tu disposes d’autres façons que la publication pour partager ce que tu écris. Un blog, par exemple.
Pour moi, l’écriture est le plus important. Pendant longtemps, je ne pensais pas à publier. Il faut du temps pour écrire et pour écrire bien. La publication anreprésenté une autre étape.
Je n’ai pas renoncé à l’idée de proposer aux lecteurs d’écrire sur ce blog. Je n’ai juste pas le temps en ce moment de m’attaquer à ça. Le volume 1 des Eveilleurs prend tout mon temps. Mais cela
viendra…
A bientôt, Ben, et désolée d’avoir tardé à te répondre.
P.A.
Bonjour Pauline,
Quel plaisir de lire cet article, qui nous apprend un peu plus sur ta façon de créer et de tisser la toile de ton monde imaginaire ! J’aime beaucoup le concept de « transpinspiration », il décrit
parfaitement ton travail, ton plaisir, ta liberté… Une liberté que tu partages avec nous, que je vis pour ma part quand je lis. Pour moi, m’évader, être capable de repousser toutes les limites du
réel, pouvoir se dire que tout est possible grâce aux mots, c’est ça ma liberté, mon oxygène, mon émerveillement !
C’est si rare de pouvoir interagir ainsi avec un auteur ! Je suis très heureuse que tu es pris le temps de me répondre !
Concernant la librairie, elle ne m’appartient pas (un jour peut être…), je suis responsable du secteur Jeunesse, ce qui me comble tout à fait pour l’instant !
Merci pour ces mots… et que l’inspiration t’accompagne et te suive dans ta cabane !
à Bientôt
Emilie
Bonjour Émilie,
Merci pour ton message.
Tu sais, c’est rare aussi pour un auteur de pouvoir dialoguer avec ses lecteurs ainsi, avec cette fluidité.
C’est un vrai cadeau.
Écrire est un travail très solitaire. Et si looooong…
On passe tellement de temps avec les personnages, l’univers, on travaille, on travaille, sans savoir s’ils vont trouver leurs lecteurs. Si la rencontre se fera. On ne sait pas qui achète le livre,
ce que le lecteur a aimé ou pas, s’il a vibré, pleuré, rit…
Le blog permet un retour direct, sans intérmédiaire et facile.
Crois-moi, c’est de combustible de la meilleure qualité pour la machine à imaginer et à écrire !
Chaque message sur ce blog me rappelle pourquoi je passe tant de temps enfermée dans la cabane à pianoter sur un ordi, pourquoi je me lève la nuit ou sort de la douche en courant pour noter une
idée, pourquoi j’ai parfois l’air d’être un peu… ailleurs.
Alors merci à toi !
à bientôt, j’espère
P.A.
bonjour Pauline,
Ravi de vous voir a nouveau sur ce blog!
Vous allez surement trouvé ça ridicule mais votre article m’a donné les larmes aux yeux. Vous transcrivez magnifiquement la beauté de l’ ecriture et du metier d’ecrivain. C’est un metier qui parait
impossible a atteindre. En ce moment, au college,nous devons donner les metiers auquel nous aspirons. Les seuls dommaines qui m interressent sont le dessin et l’ecriture et j’entend toujours qu’il
faut choisir quelque chose de « réalisable », que ces metiers n’apporte aucune certitude de succes et donc de revenus, qu on ne peut pas vivre seulement de ça ( d’ailleurs avez-vous un metier en
parallele ? ). Vous entendre parlez ainsi est très emouvant, sachez que vous nous apprenez beaucoup, et je vous en remercie.
Pouvoir communiquer grace a ce blog est vraiment exeptionnelle, on se plus proche de vous, des personnages, c’est magique.
Olivia
Bonjour Olivia,
Je ne trouve pas ridicule que tu aies les larmes aux yeux. Pas du tout. Au contraire !
Tu abordes un sujet qui me tient particulièrement à cœur. Le métier d’écrivain.
Tout d’abord, en est-ce un?
Si un métier est ce qui nous permet de gagner notre vie, il faut répondre « non ».
L’écrivain n’est pas payé pour son travail. Il est payé en droits d’auteur, c’est à dire qu’il gagne un pourcentage qui varie de 5 à 10% sur le prix de vente du livre en librairie. L’écrivain n’est
pas non plus intermittent du spectacle. Qu’il passe 10 jours ou 10 ans à écrire un livre, c’est pareil, puisque son travail n’est pas rémunéré. En gros, il ne s’en sort que s’il vend BEAUCOUP de
livres. Un drôle de système. Enfin, drôle n’est pas le mot…
Alors, bien sûr, je comprends ce que veulent dire les adultes qui t’entourent. C’est vrai que ces choix qui t’attirent —écrire, dessiner— n’apportent aucune certitude de succès —mais n’est ce pas
vrai de tous les choix?— ni de revenus.
La plupart des écrivains ont donc un autre métier qui leur permet de gagner leur vie. Ils sont journalistes, ou traducteurs, instituteurs, professeurs et bien d’autres encore…
Bernard Lahire, chercheur au CNRS, a consacré à ce sujet une étude formidable: « La condition littéraire – La double vie de l’écrivain » (Editions La
Découverte). Il y dresse un portrait très complet de cette réalité.
Il écrit: « Les écrivains sont les maillons les plus faibles de la chaîne que forment les « professionnels du livre ». A la différence des ouvriers, des médecins, des chercheurs ou des patrons, qui
passent tout leur temps de travail dans un seul univers professionnel et tirent l’essentiel de leurs revenus de ce travail, la grande majorité des écrivains vivent une situation de double vie:
contraints de cummuler activité littéraire et « second métier », ils alternent en permanence temps de l’écriture et temps des activités extra-littéraires rémunératrices ».
Si l’on y ajoute une vie de famille et le fait que les enfants sont majoritairement à charge des femmes dans un couple, on arrive à un autre constat: les écrivains sont majoritairement des hommes
(68,2%)
Tout ça n’est pas très encourageant.
Mais attends, ne renonce pas encore !
Oui, c’est la réalité, et la raison veut que l’on te dise ce que tu entends: être écrivain ou dessinateur n’est pas réalisable, c’est un métier impossible.
Pourtant les écrivains existent ! Chacun aurait certainement une histoire différente à te raconter et chacune serait source d’idées et d’exemples. Je vais te raconter la mienne:
Quand j’avais ton âge, je savais déjà que je voulais écrire. Et comme toi, on me disait que je n’en vivrais pas. En outre, il n’y a pas d’école d’écrivains. Si on veut devenir peintre, il y a les
Beaux-Arts, si l’on veut être comédien, il y a des écoles et des cours de théâtre, pour les danseurs aussi… Mais pour les écrivains, il n’y a rien. On n’apprend pas à écrire dans une fac de
lettres… Mais ça, c’est le sujet d’un autre article…
Bref, j’ai choisi un métier qui semblait se rapprocher le plus de l’écriture. J’ai fait une fac de journalisme et une fac d’histoire.
J’ai commencé à travailler dès ma sortie de l’université et, bientôt, j’ai découvert un second métier: traductrice.
Je travaillais tout le temps et ce n’était pas toujours facile mais je payais mes factures. Le journalisme et la traduction m’ont effectivement permis de gagner ma vie et ce n’est pas rien.
Pendant ce temps, je continuais d’écrire. J’écrivais dans les marges de ma vie: la nuit, les week-ends, pendant les vacances… Je grignotais du temps dans le bus, dans le métro… J’écrivais sur les
miettes de temps que me laissait la réalité.
Quand j’ai publié mon premier livre au Brésil, en 1998, j’avais des milliers d’heures d’écriture derrière moi, et des dizaines de textes dans mon ordinateur.
Après le premier livre, j’ai sorti un livre tous les 3 ans, écrit sur les miettes de temps. Je ne pouvais pas m’atteler à des projets plus commlpexes. Je ne pouvais pas, par exemple, écrire Les
Eveilleurs, seulement prendre des notes.
Le problème, c’est que le temps passait. Le temps passait et la pression interne était de plus en plus douloureuse. Je voulais consacrer plus de temps à l’écriture. Je voulais lui faire quitter les
marges et la mettre au cœur de ma vie, qui était sa place. Un sentiment profond d’insatisfaction me taraudait en permanence. Mais comment faire?
La réponse est arrivée sous forme d’un grand chambardement —les grand chambardements sont souvent fructueux!—.
J’ai pris un virage, quitté Paris pour suivre mon compagnon dans le sud et je me suis retrouvée au chômage.
J’avais 18 mois d’indeminités. J’ai décidé de les passer à écrire.
Et tant qu’à faire, de les consacrer à un projet « impossible », irréalisable et déraisonnable: celui des Eveilleurs.
Ensuite, la chance s’en est mêlée et le projet a trouvé un éditeur. En accord avec mon compagnon, je me suis consacrée à l’écriture du tome 1. Ecrire à temps complet ! Mon rêve…
Le livre que tu as lu est le fruit de deux ans de travail incessant. Et de bonheur.
La réalité n’ayant pas disparu pour autant, si les lecteurs continuent au rendez-vous, je pourrai poursuivre, sinon… on verra.
Je voulais te dire ceci: si tu veux écrire ou dessiner, si cela te hante, te poursuit, si cela peuple tes nuits, tes rêves et tes désirs, tu le feras. Quitte à faire autre chose pour gagner ta
vie.
Et si ce blog peut t’aider, alors tant mieux !
Communiquer avec vous est magique pour moi aussi.
C’est pour vous que j’écris.
Merci de m’accompagner dans cette aventure !
biz et courage
P.A.
Salut Olivia. Je voulais réagir à ton commentaire en espérant que tu vois ma réponse =).
Je suis content de savoir que tu aimerais devenir écrivain. Et c’est vrai que c’est un métier dur à atteindre, et pas sur une fois qu’on n’y arrive. Mais c’est peut-être ça le plus beau dans
romancier/écrivain. Chaque jour tu sais que tout peu basculer, que rie n’est acquis un peu comme la vie. Tu prends plus conscience à la beauté de la vie et à sa fragilité et à ce métier d’écrivain
car tout peut changer en un rien de temps. Tu sais qu’il faut se donner à fond chaque jour pour persister. Et tu ne te repose pas sur ce que tu as comme beaucoup de personne qui par la suite perdre
le gout de vivre et trouve leur vie monotone.
C’est un métier à risque…sans filet mais qui te permet d’aller ou tu le souhaites ^^
Voila pour ma part, et mon avis =) =)
A bientôt
Ben
Bonjour,
Moi aussi j’adorai faire des rédac comme ça …. J’ai lu les éveilleurs pour mon 13éme anniversaire et je l’ai dévoré en une journée. Et j’ai adoré !!!! Je l’ai lu trois fois de suite.
Gwendydd
Bonjour Gwendydd (quel joli nom!),
Tu as lu les Eveilleurs pile à l’âge des jumeaux !
Et quand tu me dis que tu l’as lu 3 fois DE SUITE, ça c’est… ça me… c’est trop ailé !
MERCI de me le dire !
Ah, et pour les textes libres, pourquoi ne le proposes-tu pas à ton prof de français?
P.A.
Wah, c’est vraiment beau tout ça… Et criant de vérité !